Chroniques (tout court) en Terre (que j'espère) hospitalière, épisode 65

Hi Guys,


A lot of things (beaucoup de choses) à dire, today, j'espère que vous avez du temps devant vous... Mais vous pouvez couper-reprendre, une fois couché sur le papier mon blabla ne risque pas de s'envoler (et d'ailleurs je vais faire de même, couper-reprendre, sinon je vais me faire prendre – par la nuit, avant d'avoir fini).Et je ne me suis pas relue (en réalité... Je ne le fais jamais), et ça risque d'être un beau bordel, mais si vous êtes perdus... Posez moi des questions, je f'rai avec plaisir une piqûre de rappel / précision. ... Mais BREF, assez de temps perdu, embarquons!


Pour commencer, comme qui dirait "du bon pied", laissez-moi vous décrire le contexte. Assise là, sur un banc dans Canberra, ni trop chaud ni trop froid, le soleil sur ma peau et le vent dans mon dos... Je savoure le moment. Gratitude.

... Mais comment donc, de l'Enfer de la semaine dernière, ai-je pu en arriver là?


Le boulot, vous croyez? Et bien... Non, pas vraiment. J'ai eu beau apprendre, grâce à un panneau indicatif fort bien fait, que je travaille au coeur d'une zone "protégée", je ne compte pas m'y éterniser ! Pourquoi zone protégée? En fait, l'aire avec les quelques commerces dont fait partie, entre autres, le Breizh Café, s'est développé au milieu d'un parc, à l'origine autour d'un petit supermarché familial – un des premiers supermarchés de la capitale, au début du siècle dernier. Et ce petit supermarché, comme les fameux gaulois de la BD, a résisté longtemps, et résiste encore et toujours, face à la concurrence des grandes chaînes nationales – et internationales. Symbole de la réussite par le mérite, du commerce de proximité... Et du coup, BIM!, zone "protégée".

... Mais pas protégée des critiques, des remarques à l'acide citrique, faut pas rêver ! J'exagère un peu, de jour en jour y'a du mieux (j'arrive à travailler davantage en autonomie ; mes Paris-Brest d'aujourd'hui, rapport à ceux d'hier, étaient plus jolis ; mes collègues, et surtout Morgane, sont gentils et sourient...) ; mais c'est quand même pas l'Paradis. Mais méfie toi, Bruno le Breton, si tu joues au con... Ce sera sans moi. J'préfère autant entonner la chanson : "Trois p'tits tours et puis s'en vont" ! D'ailleurs, j'ai commencé à regarder ailleurs, et du peu qu'j'ai pu voir, c'est pas l'boulot qui manque en boulangerie... Méfie-toi, p'tit Breton, j'pourrais bien entonner la chanson...


Et si c'est pas le boulot, qu'est-ce donc? Et bien... Disons que je réussis, petit à petit, à me rapprocher du mode de vie qui me correspond. WAOUUUUWWAOUW WAOUW WAOUW, il y en aurait donc un et je l'aurais trouvé? Au moins un peu, au moins m'en serais-je rapprochée? Marquez ce jour d'une pierre blanche, que dis-je, d'un ROCHER! (Haha)

Je fais mes courses à la Food Co-op, une coopérative locale comme son nom l'indique – pour être honnête, comme dans le titre de ses chroniques, je fais presque mes achats là-bas (il y a encore des choses, au supermarché, auxquelles je ne résiste pas. Exemple? Les Weetbix, pardi! J'ai essayé de les trouver ailleurs mais.. Les pétales de blé, ils font pas – même "pas condensées", en barre comme la marque du petit-déjeuner.). BREF. Côté bio, local, zéro-déchet, y'a déjà du progrès.


Et c'est là que je me rends compte que le monde marche sens dessus-dessous (sans dessus-dessous? Oulaaa, j'ai un trou.) Quand acheter local, dans ton bocal, te coûte plus cher (parfois beaucoup!) qu'importé sur-emballé... La logique mondiale, c'est fou!


Je cuisine mes légumes frais du marché, je fais des essais – aliments différents (pas nécessairement inconnus mais qu'égarée dans l'Océan agité qu'est pour moi la nutrition, j'ai perdu l'habitude de manger), ou préparés d'une autre façon. Je renoue avec la curiosité, la créativité... Et, jusqu'à présent, pas de raté!, ça ravit mon palais. Je composte mes déchets – merci, Phil, d'avoir tout en place à cet effet. Je me tiens, enfin, au quotidien, aux rituels qui font du bien : yoga, méditation, carnet de gratitude. WAOUW, serais-je donc vraiment sur la voie de la zénitude, en passe de trouver un fonctionnement serein? WAOUUUUUW. J'achète du bicarbonate de soude pour faire mon dentifrice (si, si! Je joue aux apprentis sorciers... Mais cette "sorcellerie", c'est plutôt de la magie : sécurité garantie, fonctionnement testé et approuvé, l'essayer c'est l'adopter!) ; je chouchoute ma peau avec des cosmétiques bio, non-testés sur les animaux (et tant pis si ça coûte plus d'euros que la marque Eco-en-dessous-de-zéro). Je regarde des vidéos, je reçois des articles, en lien avec ces sujets : l'Université des Colibris (le mouvement de Pieerre Rabhi, pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler), la famille Zéro-déchet... Et je me rends compte que je peux, moi aussi, contribuer. Que j'ai déjà commencé. Et je ressens une telle satisfaction, de me remettre en adéquation avec ce que je crois, avec ce en quoi j'ai foi. Je ressens... Comme un alignement, une connexion. Et ça... WAOUW. Ca vaut tout. Tout le temps passé et les euros dépensés – qui ne sont pas tant que ça, d'ailleurs, ni l'un ni l'autre, contrairement aux préjugés. Le bio, le zéro-déchet, l'économie solidaire, l'éducation positive... Tout ça tout ça, cette nouvelle manière de penser, de fonctionner, ce n'est pas à porter, comme un poids, c'est à porter... Et ça a tant à nous apporter !

Je reviendrai, d'ailleurs, sur ces questions de l'environnement au sein des pays traversés. Commee un bilan, après 5 mois et 7 pays traversés (si si, 7! Même si pour certains, c'était fugitivement). Mais... Plus tard :on a le temps, pour les bilans, je suis là pour un an...


En tout cas, moi, j'le vois comme une opportunité... Saisie! Et, jusqu'à présent, le pari me réussit. Je renoue avec ma curiosité, ma créativité, je vous disais. Dans la cuisine, en premier... Mais pas seulement.

Comme vous le savez (si vous avez suivi), j'ai repris les cours d'anglais. Et je m'y tiens, même si parfois j'ai pas envie (comme aujourd'hui - enfin, le jour après aujourd'hui, puisque j'ai arrêté/repris, l'écriture de ce mail... Vous êtes perdus? Ok, tant pis, hier, aujourd'hui, demain, c'est pas important, tout ce qui compte c'est l'effet que ça fait). Et l'effet, c'est que... D'une, je deviens meilleure en anglais (encore heureux, puisque c'est l'objectif affiché! Mais même ça, c'est pas le plus important) ; de deux, je retrouve le plaisir d'apprendre! L'envie d'en savoir plus, de chercher, cogiter, répéter, pour m'améliorer, toujours, continuer, persévérer, progresser. Exemple : j'ai trouvé une application, sur mon portable, qui m'affiche un mot (et sa traduction, bien sûr), chaque fois que je déverouille mon écran de veille (enfin une application utile! Wordbit anglais, pour ceux que ça intéresseraient).

Ainsi, j'apprends à chaque instant, facilement.

En cuisine et en liguistique donc... Et aussi en touristique. Après le Breizh Café, le déjeuner, direction le Canberra Museum & Gallery. Puis le Art Craft Center, la Library... Oui, c'est ça le plus important : je retrouve l'envie, l'envie d'avoir envie.

A priori, ce ne sont pas les endroits les plus connus, renommés, reconnus de Canberra... Et après? Qu'est-ce que cela me fait, d'avoir visité ces petits là, plutôt que ceux que tout le monde voit? Ce ne sont pas les plus importants, mais ça me va autant. J'ai appris - sur l'histoire de Canberra, au Museum & Gallery (impressionnant, d'ailleurs, lorsque l'on se retrouve devant les panoramas de la ville, 1900-2000, juxtaposés : rien, juste des terres / des rues, des immeubles, des espaces verts... Impressionnant, ce que l'on peut faire en 100 ans) ; j'ai découvert – des oeuvres manières de réflexion sur la société de consommation ; d'autre qui ont résonné sur mes sentiments, plus proches de l'introspection ; j'ai accueilli – comme des cadeaux : la gentillesse du monsieur qui m'a indiqué mon chemin, l'information "L'accès à la librairie est gratuit", la bonté de la dame de l'accueil – qui rayonne d'autant qu'elle sourit largement... Bref, j'ai vécu. Que demander de plus? Les émotions, les échanges, le partage, le ressenti... C'est ça, pour moi, la Vie. Ca que j'aime & qui se suffit à lui-même. Merci.


J'allais oublier... Un autre cadeau, aussi : l'Uniting Care Canberra City. ("Le quoi? Mais c'est quoi ça?", je vous entends d'ici. Soyez pas si pressés, j'allais justement vous expliquer.) Ça serait vain de vous le cacher, j'ai quelques soucis de santé. Et à l'étranger (ici en particulier), se faire soigner (ou juste accompagner)... C'est pas du gâteau a priori (même si tu travailles en pâtisserie. Haha). Blague à part, jusqu'à présent quand j'ai cherché.. J'ai surtout rencontré, malgré que mes interlocuteurs soient en général fort bien intentionnés, des difficultés et des portes fermées. Mais ça... C'était jusqu'à aujourd'hui. Où j'ai découvert, par hasard, sur le chemin du Museum & Gallery, ce fameeux Uniting Care Canberra City. Un centre d'accueil ouvert à tous, qui offre le petit-déjeuner, le café & un accès à des ordis toute la journée... Et dans lequel un médecin vient consulter, tous les mercredis. Et c'est gratuit! (Ce qui va m'emmener à ma réflexion-"minute information" sur le coût de la vie en Australie). Comme une réponse que t'attendais plus au problème qui me brouillait la vue. Synchronicité. Magie de la vie, merci.


Donc, le coût de la vie en Australie... C'est assez (même très) contrasté. Un peu schyzophrénique, comme logique.

> Le logement, c'est hors de prix, pire que Paris. Exemple, pour ma chambre (et le reste de la maison partagé, c'est vrai) à Canberra, c'est 190$ / semaine – 600€/mois, et je ne suis même pas au coeur de la City! ... À côté de ça, les salaires sont proportionnés : tarif minimum, 18$ (environ 14€ de l'heure)... ça fait rêver!

> La bouffe (et particulièrement les fruits, le chocolat, le café.. Bref, tout ce que j'aime), très chère aussi. 12$ le paquet de café, vous imaginez? (Ok, bio & équitable, mais j'voulais pas boire mon p'tit noir sur leur dos [des noirs... Ok, blague à part] ; et les autres étaient, de toute façon, à peine moins chers d'un ou deux dollars). (Ok aussi : j'étais dans un supermarché trop petit : Phil l'a payé, quand il est allé en acheter, à peine la moitié... Bio aussi. Tant pis, je saurai pour la prochaine fois.) Mais quoi qu'il en soit (taille du supermarché, qualité/provenance des produits, etc), sur le plan alimentaire, l'Australie, ça reste quand même très cher.

> Les transports : le bus, c'est 3$ le trajet. Et t'as pas vraiment le choix : la ville est très "étalée", et y'a pas de métro ni de tramway (pour ce dernier, les travaux sont en cours... Mais c'est pas fait!). Donc, à pied c'est bien pour un ou deux jours mais après, t'en as vite marre de passer la moitié de ta journée juste pour aller (et revenir de) quelque part. Et à vélo... J'ai essayé, mais j'ai pas les cuissots assez développés. (C'est dommage d'ailleurs, car de ce côté là, c'est très bien aménagé : comme dans les pays nordiques, y'a des pistes partout, les gens l'utilisent beaucoup). Mais mis à part ça, c'est pas très bien fait. Je veux dire, les transports en communs ne sont pas, rapport à "chez nous", très développés... Parce que tout le monde (ou presque) a sa voiture, en fait.

> La santé : 95$ la consultation chez le généraliste, ça pique (plus qu'un vaccin ou une injection d'antibiotique). Surtout parce que, pas australien, niveau remboursement, t'as droit à rien. Même si t'as été prudent, que t'as pris une mutuelle comme t'a conseillé Maman. Parce que la mutuelle, elle est maline : tout ce qui est psychologique, tout ce qui est arrivé avant, tout ce que tu pourrais faire après, tout ce que t'aurais pu éviter... Bref presque tout, à part quelques accidents, c'est pas remboursé.

> Le tabac, on n'en parle même pas. Plus de 20$ le paquet, de quoi faire arrêter même les fumeurs invétérés, profondément intoxiqués.


À côté de ça :

> Quasi tous les musées, salons d'expo, parcs, zoos, librairies... Sont gratuits. Niveau culturel, c'est le paradis!


Mais... Revenons à nos moutons. Beaucoup de choses sont chères, c'est vrai. Mais, bizarrement... Plus je donne du prix à ma vie, plus je m'enrichis. Comme quand j'ai pris ma carte de bus : certes, ça m'a coûté... Mais ça m'a tellement apporté! Et même quand je ne m'en suis pas servie. Parce que je savais que j'avais la possibilité. J'ai renoué avec l'envie, l'envie d'avoir envie. Et ça, ça n'a pas de prix.. Pareil pour l'alimentation, d'ailleurs. Oui, acheter "biocal" (bio, local, en bocal) n'est pas le plus avantageux pour mon porte-monnaie ; mais que dire de ma santé, de mon plaisir de manger, de ma tranquilité d'esprit retrouvée? ... C'est pareil, ça n'a pas de prix.


Plus je donne du prix à ma vie, plus je m'enrichis. Plus je me détache, plus je m'attache, aussi. Je veux dire, plus je m'éloigne de tout ce qui est matériel, produits et bien de consommation divers, plus je m'attache : au spirituel, aux rencontres éphémères... À la Vie.


Ceci dit... Assez de philosophie pour aujourd'hui, je crois. Retenez (et encore, si vous le voulez), juste ça : j'ai retrouvé l'envie, l'envie d'avoir envie, j'ai fait mes premiers pas. Et dans les jours prochains... Tout annonce la poursuite de ce chemin. Probablement le War Museum à la sortie du boulot, demain. Un salon du livre vendredi. Peut-être l'arboretum samedi. Le Old Bus Marketdimanche – avec Joon.


So... Pour vous raconter tout ça (et plus encore!), See you soon!


Lol'Âme Enchantée


PS : Bien sûr, parce que ce ne serait pas Lola si tout allait de soi, juste après avoir écrit la première partie... J'ai complètement dérapé. Soirée gâchée à se gâcher, après un jour parfait, magique, va chercher la logique. Comme si ça allait "trop" bien... Qu'fallait forcément qu'il y ait une "descente"...

Mais pour une fois, je n'ai pas continué sur cette pente. Le lendemain, c'est reparti : j'me donne un grand coup d'pied au c** pour aller au boulot, même si j'ai l'envie à 300% en dessous de zéro... Et j'me rends compte des progrès que je fais. Je travaille de plus en plus en autonomie, et même si c'est loin d'être parfait, ça va en s'améliorant. J'apprends, je grandis. Idem avec le fameux cours d'anglais (que j'ai pris même si j'avais pas envie et... Bref, vous avez compris – ou pas, et dans ce cas là, laissez tomber, les détails de la chronologie ne comptent pas) : je fais plein d'erreurs, mais le professeur me corrige à chaque fois (sauf que contrairement au Breton, le British est bienveillant...). Résultat? J'apprends, je grandis, bis repetita. Et qu'est-ce que c'est satisfaisant!

Et après ça, une autre visite, pas envie? Tant pis, j'me replie sur méditation, yoga, écrits, & tutti quanti : j'reste pas au lit à ressasser mes soucis, etj'aurais dû, j'aurais pu, et si ceci, et si cela, etc. ... Et qu'est-ce que c'est mieux, quand même! Oui oui, la Vie, je l'aime! Et plus je l'aime plus elle m'aime, comme dans un beau poème! Comme pour m'encourager, j'ai reçu la traduction de mon permis : de nouvelles portes ouvertes, encore et encore, de nouvelles possibilités d'aller voir au dehors, de jouer les bohèmes. Oui oui, je le crie et je l'écris : (au moins aujourd'hui...Haha) la Vie je l'aime, et plus je l'aime plus elle m'aime, comme dans un beau poème!