Chroniques (tout court) en Terre (presque) idyllique, épisode 56 = Coromand'Elle


Kia Ora,


Beaucoup de choses, depuis la dernière fois... Mais toujours sans photo, veuillez m'excuser, va falloir patienter. La première série est triée, mais pour ce qui est de les envoyer... Les importer, accéder à internet, télécharger... La logistique, vous savez, c'est pas aisé. (Et, soyons honnêtes, ce n'est pas non plus ce qui me plaît le plus...). En attendant, laissez-moi donc au moins vous raconter – et laissez-vous imaginer, en images, ce que ça pourrait donner.


À Katikati, mes jours de "boulot", d'abord. Et bien... Rien d'exceptionnel. J'avais besoin d'être seule et je ne l'étais plus. Et généralement, quand on ne répond pas à ses besoins... Ça ne se passe pas bien. Donc voilà, rien de spécial, deux jours sont passés et voilà.Au moins sont ils passés, ensuite (à partir de dimanche matin), j'avais le choix. Donc ni une ni deux, je suis partie! Lol'Aventurière de retour, direction le Coromandel, avec Margot et Yasha. Le Coromandel, c'est la péninsule nord (est), et décidément... Je recommande le Coromandel! Vous allez vite comprendre pourquoi.


Margot & Yasha donc, qui bossaient ce jour là, et avec lesquels je m'entends très bien, m'ont déposée à Thames. Petite ville qui, un dimanche, fait vraiment cité du siècle dernier... Avec ce charme particulier des époques passées... Néanmoins, si j'avais prévu d'y dormir, je ne me suis finalement pas attardée. Après une balade bien agréable – front de "mer", je me suis remise à hitch-hiker (pouce-levé, pour les irréductibles franco-français). Direction? Coromandel Town (et là même pour les irréductibles, j'peux pas faire mieux : un nom est un nom, ça vous viendrait pas à l'idée de dire "Nouvelle-York", sous prétexte que vous habitez à Marseille, Lyon ou Toulon plutôt que Cambridge ou Boston!).


Donc, reprenons, on the road again. Une femme, un couple... Easy, je suis lucky!*Idem avec le temps : dix jours plus tôt, c'était vent & pluie à gogo (vous vous rappelez, la tempête?), ils ont été très touchés de ce côté, la route est défoncée. Pour aujourd'hui encore ils annonçaient pluvieux... Et finalement, le soleil est radieux!

= Facile, je suis chanceuse !


Arrivée Coromandel, information center, je m'enquière de ce que je peux faire. Parce que bien sûr j'ai préparé... Mais pas trop, vous me connaissez. Je commence par une balade au milieu des kauri, des arbres typiques d'ici – et qu'ils ont replanté exprès, à la fin du siècle dernier... Mais je ne me rappelle plus trop pourquoi. J'arrive à Te Pa, un point de vue qui me laisse baba. Puis je poursuis jusqu'à Long Bay. Toujours avec mon sac, parce que ce qu'elle m'a dit à l'information center, sur les hôtels, les excursions, tout ça tout ça.. Je le sens pas. J'ai envie d'être seule et y'a plein de campings partout. J'ai pas de tente mais j'suis confiante. Let's see what happens (= Laissons voir ce qui arrivera). Arrivée à Long Bay... Demi-tour, car contrairement à ce que je pensais, la route s'arrrête là. Mais je réussis à me faire ramener – le pouce levé n'a jamais aussi bien fonctionné! Je retourne donc à l'information center, décidée à poursuivre jusqu'à Fletcher Bay (pointe extrême nord, début de la randonnée que je veux effectuer, la Coastal Walkway = Le chemin côtier), pour demander sur quelle route je dois me "poster". Et là.. La femme d'à côté m'entend, me dit qu'elle y va et qu'elle peut me déposer! Parfait! D'autant plus que 2h de trajet supposé, sur une route peu fréquentée et bordée de baies, ça peut vite devenir une très, très longue durée... Mais je n'ai pas à m'en inquiéter : ils me prennent, tout est parfait! Et... Waouw. C'est magnifique. Même "rien faire" dans le Coromandel, juste suivre la route, c'est exceptionnel.


Ils me déposent, éblouie, à Jackson Port, juste la "station" avant. Que je croyais à 3km, d'après le plan – et dont je pensais donc partir à pied. Sauf que.. C'est 7, pas 3, et j'ai toujours mon gros sac et il est presque 18h.. Alors... Je dors ici ou quoi? En même temps, là-bas, y'a un back-packer hostel... Haut les coeurs, je tente! Y'a un vent du tonnerre, mon sac commence à peser son poids... Et mon moral tend à revenir vers le bas. Vigilante, j'me dis : "Olala, ça va pas ça, reprends toi!" . Et pile quand j'arrête d'être dans l'attente, un couple s'arrête et me prend! Merci ! Tout est parfait aujourd'hui, tout est parfait je vous dis !


J'arrive donc à Fletcher Bay, 19h ou presque... Et y'a pas de place dans le back-packer hostel. Ah... Mais c'est ok, je vais dormir comme ça, je lui dis. Sauf que quand elle comprend que je n'ai ni tente, ni voiture ni rien, elle me demande : "Vous pouvez partir avant 8h, demain?" "Oui bien sûr, pourquoi?" ... En fait, c'est pas qu'il était plein, c'est qu'il est réservé pour une réunion le lendemain. Et donc... Elle me l'ouvre, et je l'ai tout entier pour moi toute seule! (Ca m'a tellement impressionnée, tout cet espace, que j'ai même pas osé prendre une chambre : j'ai dormi sur le canapé! Haha). Quoi qu'il en soit, mes voeux sont plus que réalisés : un hôtel vide au milieu d'une baie quasi déserte... Moi qui voulais être seule, je suis servie! Je n'ai pas la wifi, pas de réseau, rien... Mais qu'est-ce que je suis bien! Séance de yoga face à la baie vitrée, énergie qui circule, Paix... C'est mieux que tout ce que j'avais imaginé, c'est juste... Parfait. Magie, la Vie, Merci.


Comme quoi, quand on suit ses besoins... Tout va bien. Tout s'enchaîne, tout s'imbrique ; tout arrive juste au moment où on en a besoin. En fait, l'Univers ne veut que notre bien. Il nous sert dès lors que l'on suit notre coeur. Dans le cas contraire, il essaie juste, par différents moyens (plus ou moins agréables, j'en suis témoin), de nous signifier qu'on ne suit pas le bon chemin... Oui, aujourd'hui j'ai compris. Faut pas lutter, ça sert à rien : tu s'ras jamais plus fort que la Vie – et t'y gagneras rien. Aujourd'hui j'ai compris. Merci. Merci, merci, merci.


Lendemain matin, 6h30, j'étais partie. Avant la chaleur et la horde de promeneurs. Soleil levant perçant les nuages gris. Magnifique, éblouissant. Magie. Ils disaient 3h30 et c'est ce que j'ai mis. En ayant pris mon petit-déjeuner à Point Bay, pas mal de photos et avec mon gros sac à dos. Vous vous rappelez, cette rando en Inde, avec les trois autres français, pendant laquelle ils s'étaient relayés pour le porter? Maintenant, c'est sûr, il n'y a plus autant de choses dedans... Mais je m'en débrouille seule, "comme une grande". Je suis plutôt contente, donc. D'autant qu'en 3h30, je n'ai croisé personne! Des insectes, des arbres, des fleurs, ça oui ; mais des promeneurs... Pas un ! Je me dis : "Qu'ils sont cons ces touristes, à dépenser deux nuits à Coromandel, plus le prix de la navette (qui fait le trajet pour la rando dans la journée : dépose à un bout en fin de matinée, reprend à l'autre 4h plus tard, remontez – surtout payez – c'est terminé!), alors qu'on peut dormir ici, profiter... Et économiser! J'ai fait le calcul, pour moi, 30+30+140 (la navette, c'est pas donné!) = 200, si j'avais écouté les premiers renseignements qu'on m'a donnés. Or je m'en tire pour... 25$ (la nuit en back-packer), et tellement plus peinard !


Ceci dit, j'ai vite compris pourquoi on n'est pas plus nombreux à faire ça... Quand j'arrive à Stony Bay (l'autre bout de la randonnée), j'me rends compte que faire du stop pour rentrer, ça va être très compliqué. Y'a pas vraiment de route, juste le camping, et a priori, personne n'a prévu le trajet. Et on est à 15km du premier "village" plus ou moins habité. Ah... Alors je suis coincée? Là, dans cet endroit certes joli mais pommé et sans aucune commodité? ... J'avoue que sur le coup, je suis un peu dépitée. Heureusement... Encore une fois, je rencontre des gens, tellement accueillants... Un couple m'offre le café, me propose de m'aider à chercher – une solution pour le trajet. Ils font un tour pour demander... Et trouve un autre couple qui rentre et accepte de m'emmener. Entre temps, une femme, à qui j'avais posé la question auparavant, me tend un sachet. Dedans, du pain beurré, des abricots et des noix. "Tu auras pour ton repas. J'ai été back-packer aussi, je crois que ma fille Léa le sera, et j'espère que quelqu'un agira comme aujourd'hui je le fais avec toi." ...Waow. Tellement touchant,j'en suis baba. Tellement sincère, gratuit ; juste pour aider, juste pour aimer ; Merci.

*Aux noix, abricots, dattes, raisins, graines de lin... Son pain, il était trop bon – et en plus, j'crois qu'il était "maison"!


Diane & Keith (mes covoitureurs-sauveurs) vont à Auckland, et me déposeront donc à Coromandel, d'où je repartirai, pouce-levé... Que je croyais ! Car ils décident de prendre un autre chemin, et de m'emmener jusqu'à Hahei, l'endroit exact où je veux aller!Je n'en reviens pas, tout est tellement parfait... Tout concorde, tout arrive, fluide, sans forcer... On dit que la réalité, c'est pas comme ela théorie, et c'est vrai : parfois, c'est encore MIEUX dans la "vraie vie"! Mieux que tous les plans que t'avais élaboré, mieux que tout c'que tu pourrais penser ou imaginer, parce que c'est juste... La vie, parfait. Merci.


En fait, ils ne me déposent pas vraiment à Hahei, mais à la Hot Water Beach - = Plage d'eau chaude, en français. L'Océan en lui même a la même température que partout ailleurs, pourtant. ... Mais en creusant dans le sable, un peu en avant, on obtient des bains tièdes, chauds... Ou brûlants! Et idéalement relaxants après les efforts du matin. Je me prélasse... Juste à temps : la marée monte et va recouvrir les "piscines" - qui vont donc redevenir froides. Le vent se lève, je redécolle.


Arrivée à Hahei, même topo* : le premier hôtel de back-packer est complet, un autre trop cher, un autre fermé... Mais dans ce dernier, la propriétaire me dit d'aller frapper chez son voisin : "Il en accueille parfois". Euh... Ok, pourquoi pas. J'y vais donc de ce pas, trouve un monsieur assez âgé, demande le prix... Et me voit offrir un lit gratuit ! Mais... Vraiment? ... MERCI !!!

* Quand un scénario est parfait, pourquoi le changer?


Ceci dit, gratuit ne veut pas forcément dire réussi. J'ai compris que Papi, Jonh Wallace de son vrai, aurait bien aimé que j'le paye en nature. Du 7ème ciel où j'étais, sur mon nuage, je suis r'descendue d'un étage. J'avais pas peur : vu son état d'santé, sa lenteur à s'bouger, j'aurais pas eu à forcer pour l'envoyer valser, si j'avais voulu. J'avais pas peur non, mais j'étais pas à l'aise pour autant. J'aurais pu partir, c'est vrai, mais... Têtue comme je suis, j'ai préféré taper dans son pot de crème glacée. ("Sers toi"... Il fallait pas m'le dire deux fois!) Et ses paquets d'biscuits. Et son chocolat. Encore une fois, quand on n'écoute pas ses besoins... Le respect de son intimité en est un.


Résultat, le lendemain matin, c'était réveil à moitié – à moitié bien, entendez. Mais allez!, j'vais pas m'laisser arrêter par un grabataire un peu pervers (très accueillant, au demeurant). Direction Cathedral Cove, un rocher au nom sacré (qui sait, ça pourra peut-être m'aider!). J'suis plus sur mon nuage, le charme est rompu, mais ça, le retour par la plage.. j'suis pas mal non plus. J'prolonge par Tairua, la vue du Mont Paku – toujours en pouce levé... Et avec mes deux pieds.


Puis... ça y'est. J'suis un peu fatiguée, "déseuphorisée", j'préfère rentrer. Et c'est là que j'me dis que j'ai d'la chance, d'avoir un endroit où je sais que je peux me poser, simplement, sans avoir à chercher. Un endroit "à moi", où je peux juste "rester", m'étaler aussi, si j'en ai envie – puisqu'il n'y a personne dans l'autre lit. J'me dis que j'bougerai le lendemain (donc : aujourd'hui), juste sur la journée – si le temps le permet, car à nouveau, je vois au loin (mais de plus en plus près) de gros nuages gris. Alors que les "anciens" étaient censés être partis, les nouveaux arrivés, certains sont restés (parmi mes "préférés", notamment Margot & Yasha, mais aussi Kiki, Rémi, Aurelia)... Et personne n'est arrivé. On se retrouve en petit comité, petit mais accueillant, comme un cocon... Exactement ce qu'il me fallait. Comme à la maison... Merci.J'suis toujours en repos, mais.. Le temps est gris, et j'ai envie : cookies vegan et gluten-free (sans gluten), c'est reparti. J'essaie une recette ; ou disons plutôt : j'improvise un gloubi-boulga, parce que j'me rends compte une fois qu'j'en ai déjà plein les bras qu'on n'a plus de sucre, ni blanc ni roux, ni de miel, plus un grain, rien. À la base pour Aurelia, qui ne le tolère pas (le gluten) ; mais au final, on s'en lèche tous les doigts.

Pour ceux que ça intéresse : farine de pois chiche, margarine, confiture (de fraise, pour nous), cacao en poudre, sésame – le tout en proportion "Tu vois", comme dirait Mamie.


Et aujourd'hui... Froid, nuages gris, risque de pluie... L'excursion, on oublie. J'écris, je refais des cookies. Abricot-cannelle-graines de chia, pour cette fois. Je "recycle" le porridge et la salade de fruits en "tarte" chocolat multi-fruits. À défaut d'la Hot Water Beach, j'profite d'la Hot Water Shower (=Douche d'eau chaude). ... Et j'me remets au lit, tiens! Mais ça va bien, oui oui, c'est juste que j'ai envie.


Pour la suite... Let's see. Je vais essayer de négocier pour passer à Auckland, dans l'autre communauté, mes jours de repos que j'ai à rattraper – de là, j'pourrais bouger, visiter le Nord de l'île en partant à la journée avec les vendeurs de fruits, sans payer les nuits... Faut qu'j'en parle à Marcello.Let's see. En attendant, j'vous dis à bientôt les z'amis... Et tenez vous bien au chaud! Dékà que j'me caille ici, j'imagine pas "chez vous"... Je serais déjà morte trois fois de froid, je crois! (Tiens, j'vous laisse ça pour vous occuper jusqu'à la prochaine fois : essayez de prononcer, distinctement, "trois fois de froid"... Haha!).


Lol'Âme de toutes les saisons.