Chroniques (tout court) en Terre (presque) idyllique, épisode 55

Kia Ora,

 

... Même si, pour ceux qui suivent par mail, c'est un peu décousu - les épisodes se succèdent, à l'écriture plus vite qu'à la publication. Explication : Ici, on n'a plus la wifi, j'avais donc prévu d'aller à Katikati, pour utiliser celui de la librairie. Mais du pain, une salade, une confiture, une brioche... Le temps que je sois prête, il n'y avait plus personne pour m'emmener. Je pouvais toujours y aller en stop, c'est vrai, mais en réalité... Je n'étais plus motivée. Pour autant, je ne mets pas la série totalement de côté : à défaut de pouvoir poster, je m'assigne à la réalisation (ce qui, de toute façon, est un préalable incontournable).

 

Où en étais-je donc? ... Disons le jour d'après, puisque je ne sais pas exactement quand c'était, le soleil persévérait. Je me suis donc dépêchée de finir la préparation du petit (et du gros) déjeuner, j'ai déléguée à Matt celle du dîner, et Yihaaaa!, me voilà partie direction Mount Maganui. J'ai rejoint Tiphaine, qui y était déjà, pour "l'ascension du sommet" (bon, faut pas vous exciter, c'est pas non plus le Mont Blanc... Mais c'est un petit mont, quoi qu'il en soit!). Vue splendide, de tous les côtés – la ville se situe sur une presqu'île, elle est toute entourée. Dégradés de bleus dans l'eau, de verts dans les champs ; îlots, moutons, bâtiments... Concrentré dédié à me combler ! Après ça, on est allés boire un café, et comme les nuages commençaient à pointer le bout du nez... Ciao!

 

> À propos de l'hospitalité des néo-zélandais, dont on entend souvent parler... On a pu vérifier !

Pour le trajet retour, stop toujours. Un type, d'origine maori, nous prend à Tauranga (juste à la sortie de Mount Manganoui). Il est supposé s'arrêter à peu près à mi-trajet de Katikati. Et finalement... "C'est quoi l'adresse de chez vous, déjà?" ... Et il nous dépose sur le pas de la porte! (Où on ne le laisse pas, d'ailleurs : une bière, c'est le moins qu'on puisse faire pour le remercier.)

Ouaw, merci!

Alors... Accueillants, les maoris? Je dis oui, trois fois oui !

 

Le lendemain... C'est dimanche. Cette fois je suis sûre, parce qu'après le petit-déj'... Je suis en repos, libre de partir à l'aventure ! Direction Taupo, enfin ! L'hospitalité se vérifie, entre un vieux monsieur qui me remet sur le chemin, un indien qui m'offre des fruits, et même... Une maori qui me donne 20$, avant de me laisser ! J'ai beau lui dire que non, merci, c'est très gentil mais je n'en ai pas besoin, elle insiste tant et tant que je ne peux pas repartir sans. En fait, en me remomérant ce dont on a parlé, je crois que je comprends pourquoi : elle a eu 4 enfants, dont le premier à 16 ans, elle n'a pas pu profiter. Cet argent là, c'était sa façon de me dire : fais le pour moi... Touchée – mais pas coulée. J'étais émue, et encore plus décidée à profiter.

Et puis, YOUHOU!, changement d'ambiance, j'ai été prise par des backpackers allemands... Que j'avais croisés à Auckland! Décidément, le monde est petit! (Ou la NZ seulement, aussi...). Dans leur van, après 7h de voyage (alors qu'il n'en faut que 3, "normalement"), j'arrive enfin à destination. Le trajet m'a donc pris toute la journée... Mais je suis loin de regretter. Ok, j'ai fait une pause lunch, sur le bord de la route, bien sympa ; puis un arrêt à Rotorua, pour dire bonjour à Laura... J'aurais d'ailleurs pu y rester la nuit, et partir avec elle le lendemain, mais je ne le sentais pas. J'avais besoin d'être seule. À Taupo, enfin, et juste moi. Même si parfois j'ai cru désespérer de voir quelqu'un m'embarquer, même si j'ai parfois, j'ai été à deux doigts de baisser les bras... Au final, je suis heureuse comme je ne l'ai pas été depuis longtemps! Tout ce temps, si long pour parcourir quelques miles, n'était pas perdu, creux, inutile ; bien au contraire il était riche, de rencontres, d'apprentissages et de partage. Et puis je suis à Taupo, enfin! LA destination que je veux rejoindre depuis le début ; & seule et sans obligation. Et je trouve un super hôtel pour back-packer, tranquille et pas trop cher (le Taupo Urban Retreat, si y'en a qu'ça intéresse...). Exactement ce dont j'avais besoin. ENFIIIIIIIIN. En cent mots comme en deux, vous aurez compris mon état d'esprit : Elle est pas belle, la vie?

 

Pour ne rien gâcher, le lendemain, le soleil continue d'étinceler. De sorte que Lol'Âventurière ressort de sa tanière : fin de matinée, je m'envoie en l'air ! Entendez par là, en parachute, à 15000 pieds au-dessus du niveau de la Terre. Vous avez vraiment les idées mal placées... Dans l'autre cas, je ne me permettrais pas d'en parler comme ça, aussi franchement : Un peu de tenue, voyons! Oui oui, 15000, rien que ça. J'étais partante, à l'origine, pour l'option... Sans option, justement, le pack le moins cher. 12000 pieds, juste le saut, sans photo ni vidéo. Et puis, une fois dans la limo' (Ah oui, parce que j'vous ai pas dit, on vient vous prendre en limousine, au pied de l'hôtel – et ça, quel que soit le prix, c'est inclus, c'est tout!), j'ai regardé à nouveau les panneaux... Et je me suis laissée tentée : finalement, ce sera le saut le plus haut, et avec les photos. C'est pas tous les jours qu'on fait l'oiseau !

1, 2, 3... Yihaaaaaa! Et le moniteur est sympa, et la météo est avec moi (soleil radieux), et la vue sur le lac est incroyable et... Que demander de mieux? Y'a pas de mots, c'est juste plus que fabuleux. Magique, parfait. Je suis VIVANTE, pleinement. Comblée, épanouie, réalisée. Comme la fois d'avant et celle d'avant encore, à mesure que je tombe, je renaîs. Merci.

 

Et puis bien sûr, quand même, j'atterris. Mais pas tout à fait. Toute la journée, je continue un peu de planer. Je flâne au bord du lac, je lis sur la pelouse, et vers 19h, j'embarque... Sur un bateau pour le coucher du soleil, avec passage devant des caves sculptées Maori. Ouai c'est la journée hors de prix, et alors? Avant tout, c'est mon "âge d'or" – pas dans le sens "sommet de la gloire", mais plutôt dans celui "je profite de toutes les beautés de la vie". Fin de la parenthèse. Au début, on a les nuages, même de la pluie... "Ah bah tout ça pour ça", rumine à nouveau l'esprit. Et puis... Et puis une éclaircie. Un arc en ciel, et le soleil qui revient, à l'horizon. Dépose ses rayons sur la coque du bateau, à la surface de l'eau, contre les rochers sculptés... Et dans mes yeux émerveillés. (Lorsque j'aurai trié, vous pourrez profiter des photos. Mais je dis bien, lorsque j'aurais trié : j'en ai pris des dizaines et dizaines, jusqu'à ce que mon téléphone soit saturé!). Je m'en vais me coucher comblée et apaisée... Taupo, jour 1 : Parfait.

 

 

Taupo jour 2, j'commence la journée en souriant, grace à Mère Grand : elle se rend compte, seulement maintenant, que mon adresse email est restée inchangée, bien que je ne sois plus sur le même continent... Mais c'est le principe même de la messagerie électronique, Mémé, pouvoir être contacté partout, tout le temps, c'est pour ça que c'est si pratique et que les gens l'usent tant! ... J'me moque pas méchamment, non, j'sais bien qu'elle n'a pas grandi avec une tablette dans les doigts et j'ttrouve déjà très bien qu'elle sache se servir de "tout ça"... Sa remarque me fait juste sourire... Et place donc la journée sous de bons auspices, merci!

 

Je rejoins Laura pour la balade qui doit nous mener aux Huka Falls, chutes d'eau célèbres dans tout le pays – et au-delà. 1h15 depuis le centre-ville... En théorie. En fait... Je ne sais pas si on s'est trompés de chemin ou quoi, mais ça nous prend bien plus que ça. Je m'en fiche un peu – les oiseaux, les arbres, le sentier... un peu plus ou un peu moins, ça change quoi? - ; mais Laura pas tant que ça. Malgré les sources d'eaux chaudes et toutes les autres beautés croisées, elle ne peut s'empêcher de ruminer. & C'est encore loin?, et ci, et ça... Blablabla, mais je suis bien décidée à ne pas me laisser gâcher la journée.

Après la séquence photo, et une grosse hésitation – dûe, entre autres, à son manque de motivation ; et, de mon côté, de la difficulté à prendre franchement position -, on met le cap sur la Huka Honey House, entre musée et boutique 100% miel. Lavande, gingembre, citron, crémeux, liquide, en alvéoles... Pause douceur, on goûte à tous les testeurs! On profite aussi de l'aire installée pour pique-niquer, avant de repartir, direction la cité – Laura doit prendre un bus à 17h, pour se rendre dans le sud de l'île.

Le stop se révèle super efficace, on a encore pas mal de temps. On va se balader au bord du lac... Et un moment, je décide enfin : alors qu'elle veut faire demi-tour pour être sûre de ne pas rater son trajet, j'offre de lui laisser les clés (pour qu'elle récupère ses bagages) et de continuer mon chemin. AAAAAAAH. Enfin! Oui, en fait, c'est vraiment ce dont j'avais besoin. Être seule, et loin. Je poursuis donc un peu, fais mon yoga sur la berge : Bon dieu, c'est délicieux!

Après lui avoir dit au revoir (j'ai quand même réussi à rentrer à temps pour la croiser), je m'en vais lire dans la roseraie, près de la librairie et du musée... Bon dieu, c'est délicieux!

Donc, jour 2, malgré quelques perturbations, ça répond encore plus que largement à mes aspirations!

 

Mercredi matin, il est temps de repartir. Mais, y'a pas à dire, Taupo, Top haut!, pour sûr ça fait partie de mes coups d'coeur et... J'crois bien que j'vais r'venir. (D'ailleurs j'ai pas eu l'temps d'aller à Tongariro, encore, pourtant tout près, pour les randos...).

Mais pour le moment... Temps de repartir, malheureusement. Comme à l'aller, je passe la journée en stop. J'apprécie moins, faut avouer. J'en ai marre, je suis fatiguée, je veux rentrer, et bla et bla le moulinet. Pourtant, chaque fois que je commençais à vraiment désespérer, quelqu'un me prenait. Une femme, qui m'a déposée dans un endroit pas très pratique, m'a même laissé une banane, une barre aux fruits secs, noix et chocolat (non non, je vous assure, c'est bon... Finalement c'était tellement bon que je m'en suis léchée les doigts!)... Et son numéro, pour revenir me chercher si jamais je restais bloquée ! De belles rencontres donc, mais... J'étais surtout contente d'arriver! De retour à la "maison"... Et déchargée de mes obligations! Du moins pour la soirée. Je sais bien que le lendemain je dois ré-attaquer, mais, en attendant, Naomi et ??? (Pardon, oubli...), bref, les deux nouvelles ont géré, je suis bien soulagée.

 

... Et bien contente, néanmoins, de commencer le jeudi avec des félicitations pour les "Meilleurs pancakes depuis longtemps". C'est bon de partir... Mais quand on entend ça, c'est aussi bon de revenir ! Et puis, même si c'est narcissique, ça fait toujours plaisir de se dire qu'on a manqué... On se plaint d'être "irremplaçable" – alors que personne ne l'est, je sais -, mais en même temps, parfois... C'est bon de s'illusionner. De se laisser croire qu'ils ne peuvent pas se passer – de notre travail, nos conseils, notre cuisine ou quoi que ce soit. Tant qu'on ne le prend pas (trop) au sérieux, y'a pas de mal, je crois : je savoure les compliments, et voilà!

La suite, vous la connaissez : pain, brioche (sans oeufs, sans lait, 100% vegan & qui fait des fans! Recette testée et approuvée), salade, confiture, gâteaux... J'me remets au boulot. Et quand même, entre deux, écriture et lecture. Un polar passionnant, soit dit en passant, informatif en même temps (sur la corruption en Chine), comme je n'en avais pas lu depuis longtemps. Dragon bleu & Tigre Blanc. L'auteur, encore une fois, j'ai oublié le nom, mais j'peux chercher si vous voulez.

 

Et le temps passe et le temps passe, et j'ai encore des courses à faire & j'ai laissé Matt' dans la cuisine pour tout nettoyer. Vu c'que je fais, j'estime que je ne l'ai pas volé – d'ailleurs c'est lui qui a proposé, c'est SA responsabilité ; mais quand même, au bout d'un moment j'vais commencer à culpabiliser. Donc les photos... Ce sera pour une autre fois! (De toute façon y'en a tellement... Y'en a trop, j'en ai pour trois heures, a minima!) Vous attendrez, n'est-ce pas? Vous serez toujours là, fidèles au rendez-vous, même si parfois j'ai du retard ou des trous? ... Oui, j'ai confiance en vous!

 

(Et puis, de mon côté, les jours à venir je suis censée cuisiner, donc, moins facile pour bouger, donc... Je pourrrais me consacrer à satisfaire votre curiosité!).

 

Lol'Âme Savourante.