Chroniques (toujours plus) imprévues en Terre inconnue, épisode 52

Hello !

 

11h10, cette fois c'est un horaire décent pour prendre le stylo... Pour moi : vous, pour le coup, à cette heure-là, vous êtes supposés faire dodo. Et de toute façon moi, j'suis pas prête : j'ai pas mal de choses en tête, ça va prendre un moment. Et avant d'penser à terminer... Faut déjà que j'retrouve où j'me suis arrêtée. À l'autre bout du monde, et sans occupation "fixe", je perds un peu la notion du temps...

 

Donc... Voyons, voyons... C'était un jour particulier – le 25, bien que rien ne le laissait deviner. Aujourd'hui... C'est tout pareil. Faire une machine, écrire, envoyer des photos... Le soleil brille pourtant, mais on ne peut pas dire qu'on en profite vraiment. Du moins pas comme des gens qui seraient là en vacances. On fait notre vie, plutôt, comme tous les habitants. Et c'est pas mal, non plus. J'veux dire, dans ma tête comme dans le ciel, y'a un vent du tonnerre, j'veux ci, et ça, et non, j'sais plus... À trop jouer au cerf-volant, parfois, j'me sens perdue. Alors pour un jour, fermer les portes, fermer les fenêtres, prendre le temps de savoir ce qu'on veut être, c'est pas mal non plus.

Mais BREF.

 

Ce jour particulier sans rien de particulier s'est quand même fait remarqué : j'ai été gâtée ! Et depuis aussi, d'ailleurs : Noël ne finit donc pas le 25 au soir? On peut recevoir les cadeaux de la vie tout au long de l'année? WAOUH, trop cool ! Cindy m'a offert un beau bouquet de roses. Sous ses airs parfois rudes, j'ai senti la tendresse. Caresse des pétales pour exprimer ce qu'on n'met pas sur les étals... Merci. Puis, comme Franck, Cindy, Sophie, j'ai appelé à la maison – Skype, WhatsApps, etc, quand même... Quelle révolution! Voir ceux que l'on aime, entendre leur voix, leur parler, leur montrer comme s'ils étaient là... WAOUW. Y'a que ça, en fait : ceux que l'on aime ; c'est ça qui fait, vraiment, que la vie est une fête...

 

Donc, jeux de cartes, appels vidéos et dégustation de gâteaux. C'est bien beau, mais ça n'avance pas trop... Je me couche l'estomac trop chargé, me réveille en me disant qu'il faudrait que j'me remette au boulot, que j'pense à m'organiser... Et c'est là que, PAF!, nouveau cadeau. Cindy m'a laissé un mot, sous la porte. Hier soir, elle, elle a bossé. Fait des recherches, pris des notes, comparé les prestataires ; pour savoir ce qu'on pourrait faire... Et me l'offrir sur un plateau ! Elle a tout noté, là, j'ai juste à regarder... Et faire mon choix! WAOOUW. Merci. Après quelques épisodes tendus, compliqués – elle parle peu, voire pas... je ne sais pas quoi penser, j'ai l'impression de la faire chier, parfois... Mais PARLE, putain!, pourquoi tu dis rien?! ; je suis plus que touchée. J'me sentais en COLEEEEERE, comme rarement je le suis ; comme un volcan, qui fume et qui rugit ; qui emporte tout sur son passage ; COLEEEEERE, pas envie d'être sage. Et là... POF!, tout est retombé. Dans le mur blindé – qu'à deux nous avions érigé, elle a ouvert une serrure.

 

Du moins je croyais. C'était peut-être juste une fissure – vite recolmatée. Depuis, c'est encore cahin-caha, ça dépend des jours. Après de nouveaux épisodes climatiques agités, on s'est dit qu'c'était trop compliqué, on a pris la décision d'partir chacune de notre côté. Elle, comme prévu dans le sud (le sud de l'île du sud), en workaway ; moi sur une île, dans un café (un autre workaway, un des premiers qu'on avait contactés). Chacun sa route, chacun son chemin... Ça paraît plus serein, pour nous deux. Merci de m'avoir pris la main, mais là... J'sais pas gérer, je crois que ce sera mieux comme ça. J'suis soulagée – et elle aussi – que ce soit décidée. A priori donc, tout devrait aller. On devrait profiter de nos derniers jours partagés. Sauf que... Pas trop, pas vraiment, c'est toujours branlant. Un jour j'écris Le mur ; le jour d'après (ce matin, à dire vrai), elle m'envoie un mail plus que touchant, dans lequel elle se livre comme jamais... Suis-moi je te fuis, fuis moi je te suis.

 

Le mur(mure?)

 

Hé, toi! ... Oui, toi là...

Pourquoi es-tu si fermée?

Pourquoi repousses-tu

Toutes mes tentatives d'approche?

Pourquoi t'es-tu tue?

T'étais pas comme ça,

Avant, quand tu m'as proposé

De venir avec toi...

Où est-ce que j'ai raté le coche?

Qu'ai-je dit, fait,

Ou qu'as-tu vu

Pour que les choses aient à ce point changé?

Qu'aurais-je dû... Comprendre, exprimer,

- Ou au contraire retenir, enserrer?

Je pourrais essayer d'me rattraper mais...

Seulement si tu dis, PUTAIN,

Je peux pas deviner !

 

 

"Fuis-moi je te suis,

Suis-moi je te fuis" :

Je sais, c'est ce qu'on dit,

Mais je suis fatiguée

De te courir après.

Là, j'te tends la main

Alors vas-y, viens,

Prends-la...

Viens vite car je crois bien

Que c'est la dernière fois

- Même si Dieu sait qu'j'serai navrée

De voir un mur

Entre nous s'ériger.

 

Pourquoi est-tu si fermée,

Pourquoi n'exprimes-tu pas tes pensées,

Pourquoi refuses-tu de partager...

Pourquoi, pourquoi,

S'il te plaît réponds-moi

- Même tout bas, si tu veux.

Si tu veux pas trop t'exposer,

J'peux comprendre, tu sais,

J'te d'mande pas d'crier sur les toits,

Pas même de tout me dire à moi.

Mais s'il te plaît, réponds-moi,

Même une bribe, un murmure :

À deux, je suis sûre qu'on peut,

Ouvrir la serrure...

 

Et donc là, sur ce, elle s'ouvre comme y'a pas. Pff, j'y comprends plus rien moi... Et puis ça, c'est pour la partie je ressens/sentiments... On va dire théorique. Mais y'a aussi la partie pratique. Et la femme du café... M'en a servi un bien corsé! Comme qui dirait, pour les optimistes acharnés, un "cadeau bien emballé" (comprenez : un cadeau de la vie, servi dans un emballage d'orties). Laissez-moi vous expliquer. Hier, on est allés à Wahiheke – une île proche d'Auckland, parmi les plus connues. Ça nous permettait de combiner : à faire (comme des touristes) et affaires (je devais rencontrer la femme pour organiser le workaway). Donc après avoir pris le train, le bus, le ferry, on arrive enfin. Entre deux gouttes de pluie, le soleil brille. Ça reste incertain, car c'est très venteux, la météo, ici, change en moins de deux... Mais aujourd'hui, on sera plutôt bien loties, a priori. On monte dans un autre bus, qui fait le tour de l'île et prend/dépose à volonté... Oui, très touristique, je sais, mais... Bien pratique ! Le tour est guidé - et par un natif de l'île, s'il vous plaît : en moins d'une heure, on a une vue d'ensemble des choses à faire, lieux à visiter... Et on s'est déjà régalées, au passage, de quelques paysages merveilleux. C'est la fin de la matinée, trop tôt encore pour le "boulot" (Phi, la femme du café, n'est pas dispo) : on se décide pour une balade / randonnée, disons remise en jambe, dans le parc régional. Les sentiers de forêts, le soleil, les oiseaux.. Et les champs, et le petit village qu'on a traversé avant... Je me sens recentrée, rechargée, connectée ; oui vraiment, je m'y vois ! Deux semaines à Wahiheke, entre café, méditations et randonnées... J'me voyais déjà, en haut de l'affiche... Mais elle ne m'y voyait pas, quand elle a vu ma fiche. Quand elle a vu ma tête, plutôt, mais vous aurez compris, c'est juste un jeu de mots... Elle a dit ça très proprement, gentiment : "Ce sont mes enfants, tu comprends, j'ai besoin de me sentir en confiance, en sécurité... Et là, quand je te vois, ce n'est pas le cas, je suis inquiète pour toi... Désolée...". Bla, bla, bla. Très proprement, très gentiment, et raisonnablement, je comprends, mais quand même : Prends-toi ça dans les dents!

 

J'me laisse pas abattre pour autant. Je sais qu'il y a une solution, une opportunité pour moi – même si parfois je ne la vois pas, elle est là, elle m'attend. J'me remets au boulot – et si j'trouve pas en workaway, y'aura toujours pas d'quoi dramatiser : j'irai à Taupo, façon vacancier. Et je trouve. Une communauté de vendeurs de fruits, près d'Auckland, végétariens(/liens), qui font du yoga et des randos ensemble, de la méditation, etc... Tout ce dont je rêvais et même plus (encore une fois : ça, c'est l'annonce, mais je le sens bien). Problème : ils ont besoin... de conducteurs, et je n'ai pas mon permis avec moi. Tant pis... Tant pis j'essaie quand même! Je sens qu'il faut que j'aille là-bas, je leur envoie un mail. Et devinez quoi? C'est oui !!! Pour la période des fêtes, ils ont besoin de quelqu'un en cuisine... WAOUW, WAOUW, alors là, c'est carrément mieux que mieux !

Me reste plus qu'à en parler à Cindy... Après ce joli courrier, j'avoue, j'sais pas trop comment aborder le sujet... J'ai l'impression de trahir l'effort qu'elle a fait, ce pas vers moi... De l'abandonner alors qu'elle m'a ouvert les bras... Mais quand faut y'aller... Faut y'aller! Au moins j'aurai de quoi vous raconter au prochain épisode! (Si je ne me fais pas dévorer, haha).

 

PS : "J'me laisse pas abattre pour autant", j'ai dit... Mais j'avoue que parfois ça tangue, y'a beaucoup de vent. Parfois le niveau est bas... Merci Papa, Merci Maman. Parce que vous êtes toujours là. Parce que vous prenez le temps, toujours, même quand vous ne l'avez pas, de m'écouter, me conseiller, me consoler ; me prendre dans vos bras par le seul son de votre voix. Merci.

23 ans, oui, mais encore enfant dans la vie. Mais vous êtes là. Hier, aujourd'hui comme demain, à me tenir la main lorsque j'en ai besoin. À la lâcher aussi, même si j'ai peur, lorsque vous sentez que c'est l'heure. Vous êtes là et grâce à vous, chaque jour je grandis. Merci.

 

PS 2 : Pour cette nouvelle année... Je n'ai pas préparé, planifié – du moins je sais que tout c'que j'ai fait, imaginé, peut être chamboulé, que rien n'est fixé. Pour l'avenir je sais que "Tout ce que je sais,c'est que je ne sais pas" – et encore même ça, j'ai du mal à le retenir !

Mais je vais faire au mieux. Je sais que je peux. Que je peux quoi, je ne sais pas, mais que je peux. Faire émerger la Lola qui sommeille au fond de moi.

Alors que se termine 2017, c'est aussi tout ce que je vous souhaite : Être VOUS. Réfléchis et passionnés, créatifs et routiniers, fougueux et attentionnés, sportifs et accros du canapé, feignants et persévérants, fleurs bleus et ours rugueux... Tout, tout à la fois. Donner une voix à chaque partie, les laisser exister, en harmonie. Parce que c'est ça, la vie... Harmonie.

 

Belle année à tous, de paix, joie, découvertes, échanges, santé...

Belle année en harmonie, belle année de Vie.

 

 

Lol'Âme & son corps, qui tentent un accord.