Chroniques (bientôt) scientifiques en territoire (normalement) vert, épisode 48

 

Sohadika,

 

(Je ne sais pas pour l'orthographe, mais pour la prononciation, c'est à peu près ça – bonjour, en Thaïlandais.)

... Et le titre a encore changé, je sais. Nouvelle étape, donc j'étais obligée. De civiques à spirituelles, de poétiques à scientifiques, vous vous dites peut-être que vous ne gagnez pas au change. J'en vois déjà qui baillent d'ennui comme sur les bancs de l'école. Mais attendez, attendez, ne partez pas si vite! Je vous explique. Je vais faire de la permaculture dans un éco-village : c'est à dire... Une fabuleuse expérimation botanique - et sociologique! Du moins, c'est l'idée.

 

[NB : Plusieurs d'entre vous se sont d'ailleurs étonnés de ce projet. Il me semblait l'avoir évoqué, mais peut-être ne m'y suis-je pas attardée. C'est que, vous me connaissez, c'était une idée, mais il y en avait mille autres en même temps qui fourmillaient. Finalement, c'est elle qui a gagné – du moins pour l'instant ☺. ]

 

Pour mes deux derniers jours malais, rien de spécial à signaler. J'ai passé la matinée au café (offert par un local), à lire, discuter ; je me suis baladée, rapidement, et puis... Le temps est passé – fini, c'est mieux ainsi. Idem le lendemain, (café encore offert!), même lecture, autre discussion (avec un malais, toujours, mais grand voyageur : Singapour, Chine, Angleterre... Il a moins vécu ici qu'ailleurs!). Et... Attendre. Plus envie de bouger, d'explorer, de visiter. Juste : avoir mon visa, acheter les billets (du van pour y aller), y être déjà. Je ne voulais plus que ça. Donc RAS – Rien à Signaler.

Ah si, j'allais oublier. Le dernier soir, plus ou moins le cafard. Et l'espoir, tout ça mélangé. Tout ça que je ne sais pas trop comment gérer, j'ai envie de manger. Je suis en pyjama, il a plu, et des biscuits, je n'en ai plus. À l'hôtel ils vendent une fabrication maison qui ressemble à de la génoise, je me dis : pourquoi pas, ça fera l'affaire. Et en fait... C'est du quatre-quart. Un p**** de quatre-quart au bon goût de beurre. D'un coup c'est le jeu de cartes un après-midi d'hiver, l'après-midi sur la plage, le petit-déj' du dimanche matin... Fini l'espoir, le cafard : tout se dissout dans le quatre-quart. - Ce bon goût de beurre, bonheur, baume au coeur. (Comme le dit ma grand-mère : avec du beurre, tout est meilleur!)

 

Vendredi, enfin. 5H du matin. Le van vient me prendre devant l'hôtel. J'ai la boule au ventre, et en même temps, je me sens pousser des ailes. Je ne sais pas, je ne sais plus, mais... C'est assez d'attendre, je ne peux plus : il faut y aller, et je verrai.

 

- 9h (Heure thaï), 10h (Heure malaise), 3h (Heure française) ; Poste frontière de Sadao -

 

La frontière? Eaaaasy! Rien qu'une simple formalité, les doigts dans l'nez, en deux temps trois mouvements c'est fait! Mais... Ah non, j'ai rien dit : en fait ça, c'était juste la sortie de Malaisie. Je me disais aussi... Pour l'entrée, c'est un autre jeu! D'abord faut faire la queue... Pour avoir un ticket – pour refaire la queue à un autre endroit, se faire tamponner le VISA. Pendant qu'on est là, une femme nous cède les siens, qu'elle a en extra... Extra!, on est chanceux. Enfin.. Pour moi, n°1548. OK. Numéros actuellement traités : 950 à 1050. OK.... Y'a plus qu'à faire comme à la Préf', à la CAF, à la Sécu : s'asseoir et attendre. Heureusement, après m'être étonnée qu'il n'y ait aucune échoppe dans un lieu aussi "prisé" (tout le monde est là et attend, y'aurait de quoi faire de l'argent facilement!), je finis par dégotter leurs quartiers. Donc après le café de l'aéroport, de l'avion, de la gare... Celui de la douane, évidemment ! (Et au même prix qu'ailleurs celui-là : si c'est pas fabuleux!) . En buvant mon café, je réfléchis. Résumons: on est censés mettre 8h, ça en fait 5 qu'on est partis, on est toujours à la frontière – et pour un bout de temps, si vous voulez mon avis... J'ai bien fait d'garder quelques ringgits (la monnaie de Malaisie) et d'apporter du pain d'mie! À c'rythme là, je n'suis même pas sûre d'atteindre Khao Sok* avant la nuit.

*L'endroit où je dois me rendre (à peu près) en Thaïlande.

 

Quelle idée aussi, alors que je m'organise comme je veux, de voyager pendant les vacances scolaires, en même que les petits, les grands, les vieux?! Non mais sérieux, j'me casse à l'autre bout du monde pour m'affranchir des cadres, rythmes, tout ça, et j'me refous en plein dedans... La logique humaine (la mienne, en tout cas), j'vous jure... Ceci dit j'suis moins folle qu'eux : certains (et surtout certains) font ça pour seulement un jour ou deux ! "Virée shopping", qu'elles m'ont dit – la Thaïlande est beaucoup moins chère que la Malaisie. Heu, sûrement mais... À quel prix? De temps et d'énergie... Enfin, moi j'dis ça, j'dis rien, chacun fait ce qu'il veut...

 

BREF. Assez "réfléchi", j'ai encore le temps d'composer une p'tite ode à Jonnhy – ou pas.

 

C'est pas Jojo, tout ça!

 

Jonnhy est mort.

Pour sûr, c'est pas moi qui vous l'apprend ;

J'suis pas la première à écrire sur le sujet,

Et j'serai pas la dernière, encore :

Ca a fait tant de mouvement

Que même en Malaisie, j'en ai eu vent!

À c'train-là, c'est bien parti pour durer.

Mais... Est-ce qu'on est vraiment obligés?

 

J'veux dire, c'est triste, c'est vrai,

Ses chansons étaient belles,

C'était un emblème,

- Dans une énième éloge, certains diront même :

Un MONUMENT du patrimoine culturel.

Ok, si vous voulez... Je vous le concède.

 

Mais, la veille, Jean d'Ormesson est mort, aussi :

En a-t-on fait un tel charivari?

... Est-ce à dire qu'il n'en a pas assez fait,

Qu'il n'a apporté aucune aide

Aux français – même à l'Humanité?

Ses apports à la Culture,

À la Littérature,

Ne valaient-ils pas autant que les chansons

De JoJo – Jean-Philippe Smet de son vrai nom?

Ne méritaient-ils pas un hommage,

Aussi grand que son âge?

 

... Remarque... Peut-être que non.

Peut-être qu'il aurait pas aimé

Tout ce tapage

Autour de son nom.

 

Peut-être que cet homme cultivé,

Distingué, raffiné,

Aurait préféré que soit ainsi éclipsée

Sa dernièrre révérence :

Laisser à d'autres la danse

Des mondanités

- Qui n'étaient pas, à ses yeux,

Le bien le plus précieux - ,

Se réserver à l'intimité.

Oui... Du moins c'est c'que j'me dis pour me "consoler".

Que ceux qui savaient en apprécier la valeur

Pourront lui rendre hommage en leur coeur.

Chacun à sa manière.
Plus discrètement, sûrement, que pour le rockeur :

Sans cris, pleurs,

Ni étalage de photos

Sur les réseaux sociaux.

Mais... Un hommage sincère,

Fonction de ce qui,

En nous, chez lui,

A résonné.

 

... Oui, un adieu tout en délicatesse :

Finalement voilà qui sied

(Mieux que la foule en liesse)

À sa pensée aiguisée,

Ses beaux mots

& Ses grands idéaux.

 

Amoureux de Jonnhy,

De la première ou de la dernière heure,

Allez-y :

On vous laisse le prime du soir, l'hommage national à Paris...

Jean d'Ormesson,

- Jean tout court, de son vrai nom -

On l'a dans nos coeurs,

Et cela nous suffit.

 

... Le temps de finir, c'était mon tour. No problem. En attendant les autres passagers, je fais un détour : fruits frais, carte pour mon téléphone... Et on est prêts à rembarquer !

 

1ère impression : Je ne comprends rien – finie la Malaisie et son "occidentalisation", ses repères, comme en Inde, pour l'écriture, ce sont des caractères. Je ne comprends rien alors ça va être bien. Ça va secouer mes neurones qui commençaient à nouveau à se gripper, s'aggriper à leurs vieilles idées. One night in Bangkok dans la tête (la chanson), je me laisse aller à la contemplation.

 

... Et j'en suis tirée vite fait : Faut changer de bus! Ah, ok... Je profite de l'arrêt pour retirer. Avec de gros frais (sur la CB) : je perds au change, c'est sûr, mais pour me sentir sécure, parfois, j'suis prête à payer. Et là... C'est le cas, j'préfère avoir, pour l'arrivée, un peu d'argent sur moi.

 

Bref, nous voilà repartis. Alors qu'on est censés être arrivés depuis 2h déjà, j'apprends qu'on en a encore pour 4h ou 5h... Aaaah, Asie, mon amie... Puisque c'est ça, je reprends ma contemplation.

 

2ème impression : Du vert (montagnes, forêts, rizières), quelques marchandes de fruits... Et beaucoup de "rien" autour. Encore une fois, ça change de la faune de GeorgeTown - cafés, bars, supermarchés ouverts 24/24 et ses défilés de fêtards... Mais ce n'est pas pour me déplaire.

 

Retour au vert,

On casse le verre :

Fini l'miroir & ses reflets,

On devient ce que l'on est

- Du moins j'espère.

 

Nous voilà enfin arrivés, il est 19h passés (fuseau thaïlandais). Et encore : on n'est pas à la gare de bus, dans laquelle j'étais censée changer, direction Khao Sok, mais devant le bureau de l'agence qui nous a transporté. Et je ne sais pas comment y aller. Et il fait nuit. Et une femme me dit que de toute façon, c'est trop tard à son avis. Et j'appelle Lele (prononcez : Lili, le responsable de la ferme), qui me dit : "Tu peux prendre un taxi, ou essayer de faire du stop". ... Mais c'est à plus d'une heure d'ici (le taxi me coûterait aussi cher qu'un mois à vivre ici), et quant à faire du stop... Je ne sais même pas dans quelle direction c'est! À côté de ça, la femme de l'agence essaie de me vendre ses services (ou une chambre) à des prix exorbitants, me dit qu'ici, "c'est pas Krabi", et que je ne trouverai pas de dormitory (toujours plus cheap qu'une chambre individuelle avec AC)... J'avoue que sur le moment, je me sens découragée. Perdue, fatiguée... Sûrement un peu énervée, aussi. À propos de Lele, je pense : "Merci pour ton aide mec! Si j'ai besoin de rien je t'appelle c'est ça?".

 

... Et puis, je me ressaisis : Allez Lola, t'as déjà fait face à des situations comme celles-là, tu peux faire mieux qu'ça. Je regarde les hôtels sur mon téléphone, j'en trouve un pas loin (5km), pas cher – et qui a l'air très bien. Haha, dans ton c** la grippe-sous! Tu m'auras pas eue! Avec un peu d'aide, j'arrête un touk-touk et j'arrive à lui faire comprendre où je veux aller. Premier essai, raté, c'est pas là du tout... Mais on finit par y arriver – ça m'aura fait une p'tite balade de nuit dans Surathani. Et c'est super, et encore moins cher que ce que je pensais : parfait! Y'a même une piscine! Bon, pour l'heure, j'ai pas l'intention d'en profiter mais... C'est pour dire quoi, c'est encore plus WOW que ça à quoi j'm'attendais. (Et re : "Tiens grippe-sous, prends ça !"). BREF. Je rencontre des français, et on discute en buvant un café (et en mangeant, ENFIN, parce qu'avec tout ça... ça commençait à faire faim)... Et quand j'y repense, après, je me sens... Allez, n'ayons pas peur des mots, je me sens fière : j'ai transformé l'essai. Oui : le lendemain j'ai renégocié un touk-touk, trouvé le bus public (dans la bonne direction)... Compte tenu des conditions, je trouve que je me suis bien débrouillée ! Et ça fait du bien de se le souligner, de l'ancrer... Sans compter qu'ça aidera à faire face à ce qui viendra après! Haha.

 

Un jour plus tard que prévu donc, mais bien boostée, je me retrouve (enfin) dans le bus qui rejoint le "village". À ce qu'il m'a dit, y'en a pour une heure : je reprends ma contemplation.

 

3ème impression : Par rapport à la Malaisie, au Sri Lanka, etc...Ici, y'a un côté très "rétro". Comme si l'pays s'était bloqué dans les années 60, 70, j'sais pas trop. À la Cuba, tu vois. C'est p't'être tout c'vert qui fait ça, les champs (c'est sûr qu'à Bangkok, ça doit être différent!) ; ou le fait qu'il y ait un roi... Bref, j'sais pas, mais c'est charmant!

 

Et à un moment... Ca y'est, me voilà arrivée ! Bienvenue à Garaawé ! (Le nom de la localité).

 

Et... Maintenant que vous êtes rassurés (vous savez que je suis en vie, où je suis, avec qui... tout ça, tout ça)... Vous allez patientez ! La suite au prochain épisode ! Haha, ça fait son p'tit effet,hein?

En attendant de vous retrouver (bientôt), je vous envoie un courant d'air chaud, le chant des oiseaux, et même quelques photos.

 

Lol'Âm'En régénération